Carlo Gozzi naît en 1720 à Venise d’une ancienne famille noble désargentée. Il sert trois ans dans l’armée en Dalmatie, puis, rentré à Venise, il publie des pièces satiriques et des recueils de poésie et fonde avec son frère aîné l’Académie des Granelleschi (les Ineptes), qui s’attache notamment à la sauvegarde de la langue et de la littérature toscane des influences étrangères. Pour lutter contre l’influence grandissante des drames de Pietro Chiari et des œuvres réalistes de Carlo Goldoni inspirées du théâtre français, il imagine de mettre en scène les contes féeriques issus de vieux recueils populaires.

Il publie un poème satirique, La Tartane des influences pour l’année bissextile 1756. Sa première fable théâtrale, L’Amour des trois oranges, est une parodie du théâtre de ses deux concurrents. Elle est donnée à la compagnie Antonio Sacchi et jouée au Théâtre San Samuele, et connaît un extraordinaire succès. Après la deuxième fable, Le Corbeau, Chiari part pour sa ville natale, Brescia. Après la troisième et la quatrième, Le Roi cerf et Turandot, c’est Goldoni qui part rejoindre la Comédie italienne à Paris. Gozzi crée finalement une série de dix fables dont le surnaturel et la mythologie, introduits comme un moyen satirique, produisent un grand effet sur le public. Puis il s’inspire du théâtre espagnol pour écrire drames et comédies, et compose un poème héroï-comique, La Marphise bizarre.

Antonio Sacchi et ses comédiens passent ensuite au Théâtre San Luca où débute l’actrice génoise Teodora Ricci, la « protégée » de Carlo Gozzi et dont Sacchi est épris, ce qui occasionne des dissensions à l’intérieur de la compagnie. C’est dans ce théâtre qu’est donnée la première représentation des Drogues d’amour où Gratarol, lui aussi amoureux de la Ricci, est tourné en dérision. Cette « affaire » aboutira à la condamnation à mort de ce dernier, qui fuit alors en Angleterre puis à Stockholm.

Les œuvres de Gozzi sont publiées chez Colombani en huit volumes en 1774, puis chez Zanardi en 1801 et 1804 en quatorze volumes. Elles connaissent un immense retentissement parmi les romantiques allemands. Il meurt en 1806 à l’âge de 85 ans.