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Patrice Kerbrat

Formé au Conservatoire de Bordeaux avant d’intégrer l’École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (Ensatt), il a été engagé à la Comédie-Française dès 1973 et y a passé dix années très fertiles. Il fut l’un des grands sociétaires de la troupe. Patrice Kerbrat, interprète des grands classiques. Proche de Jean-Luc Boutté, Richard Fontana, Françoise Seigner, il a beaucoup travaillé auprès d’eux avant de quitter le Français pour se consacrer plus pleinement à la mise en scène. Ce qui ne l’a jamais empêché de jouer, au théâtre, souvent sous la direction d’Antoine Vitez qui appréciait sa sensibilité, son intelligence, mais aussi à la télévision et au cinéma. Il est un interprète sensible, juste, ennemi des effets, aussi à l’aise dans l’alexandrin que dans les partitions modernes. Son goût pour les textes nouveaux – il signe la mise en scène de La Vérité et joue le rôle de Paul, mais aussi celle de Et l’enfant sur le loup de Pierre Notte au Rond-Point dont il a créé avec ses amies du temps de la Comédie-Française, Christine Murillo et Catherine Salviat, Deux petites dames vers le Nord – l’a conduit à être le premier metteur en scène d’un grand texte de Yasmina Reza : Conversations après un enterrement fut créé au Paris-Villette et repris au Montparnasse. Fidèle, c’est lui qui crée La Traversée de l’hiver à la Colline, puis « Art », Trois versions de la vie. Il est, après Jacques Lassalle, le metteur en scène de Jean-Marie Besset : La Fonction, Ce qui arrive et ce que l’on attend, Grande École, Un cœur français. Mais ce ne sont que quelques jalons dans un parcours très divers : il a monté Laville, Kalisky, Wesker, Koltès, Loleh Bellon, Amette, Duras (la recréation de L’Amante anglaise avec Suzanne Flon, Jean-Paul Roussillon, Michael Lonsdale), Pinter, Tennessee Williams et aussi de nombreux classiques. Molière, Claudel, Strindberg (un remarquable Père à la Comédie-Française), O’Neill, Goldoni, Guitry… Bref, en près de quarante ans de carrière, Patrice Kerbrat, homme discret, presque taciturne, a dirigé des centaines de comédiens. Pierre Arditi lui voue une amitié profonde. Depuis « Art » et jusqu’à La Vérité, en passant par En attendant Godot de Beckett, La Danse de l’albatros de Gérald Sibleyras, le comédien est en confiance avec ce directeur d’acteurs fin, lucide et non dénué d’humour. Il n’avait pas pensé jouer dans La Vérité, mais, au fil des lectures, sa personnalité s’est imposée comme la plus évidente.

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