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Irina Brook

"Elle est blonde et le bel ovale de son visage fait penser aux madones italiennes. Elle a un regard noisette, profond et ferme, une voix claire et vive. Elle fait très jeune. Il y a quelque chose d’une éternelle grande sœur dans la jolie maman de Prosper, 12 ans et Maïa, 8 ans, les enfants de Dan Jemmett dont elle est aujourd’hui séparée. Irina Brook, née à Paris en 1962, a été élevée en partie en France et en Grande-Bretagne et fait ses classes aux États-Unis. Cela lui donne une grande liberté d’esprit. Elle est une enfant de la balle, ses parents sont de grands artistes, mais elle s’est construite toute seule. La fille de Peter Brook, metteur en scène, réalisateur, immense figure de renommée internationale du théâtre et de Natasha Parry, comédienne, a évidemment de qui tenir. Mais sa personnalité est forte, originale. Et son chemin doit tout à ses engagements, ses propres décisions. Il y a un lien entre son père et sa mère : s’ils sont des citoyens de sa gracieuse majesté, ils ont en partage des ascendances russes et l’on peut dire qu’Irina Brook a hérité d’une sensibilité slave.

En France, ses débuts au théâtre, après deux ans passés à l’Actor’s Studio auprès de Stella Adler, ont eu lieu aux Bouffes du Nord, dans La Cerisaie de Tchekhov mise en scène par Peter Brook. Quelque temps plus tard, elle enchaîne avec la télévision avant d’être l’Elvire du Dom Juan mis en scène par Maurice Bénichou avec Niels Arestrup dans le rôle-titre. Ensuite, tout va s’enchaîner. Elle tourne énormément pour le cinéma et la télévision, en France et surtout en Grande-Bretagne. Mais c’est vers la mise en scène qu’elle s’oriente. À l’occasion du festival des écritures contemporaines de Louisville, aux États-Unis, elle découvre la pièce de Richard Kalinoski A Beast on the Moon (Une bête sur la Lune). Elle est bouleversée, subjuguée. Elle veut la faire connaître. Elle la met en scène en anglais, à Londres, avec Simon Abkarian et Corinne Jaber. Les mêmes la créeront en français à Vidy-Lausanne en 1998 avant la MC93 de Bobigny. Un extraordinaire succès qui conduira à la reprise de 2001 au Théâtre de l’Œuvre et à cinq molières.

C’est en 1996, à Avignon, au Cloître des Carmes, que l’on avait découvert son premier travail en France. Tout est bien qui finit bien de Shakespeare, l’un des auteurs qu’elle préfère, apparaît comme une sorte de manifeste. Elle a travaillé à la Cartoucherie et Irina est une héritière esthétique et morale d’Ariane Mnouchkine. Trois ans plus tard elle révèle Danser à Lughnasa de l’Irlandais Brian Friel à la MC93 de Bobigny. En 2001, Irina Brook dirige Josiane Stoléru et Romane Bohringer dans La Ménagerie de verre de Tennessee Williams à l’Atelier où elle avait présenté l’année précédente Résonances de Katherine Burger. Elle retrouvera ce théâtre en 2005 avec L’Ile aux esclaves de Marivaux. En 2002 c’est Juliette et Roméo à Chaillot avant, l’été suivant, sa première mise en scène lyrique au festival d’Aix-en-Provence, Eugène Ionéguine de Tchaïkovski, La Cenerentola de Rossini au Théâtre des Champs-Élysées en 2003. Elle a également beaucoup travaillé pour le jeune public depuis Une Odyssée en 2001 à Sartrouville. Irina Brook retrouve son cher Shakespeare et les Bouffes du Nord en 2007 avec En attendant le songe avant de revenir au printemps 2009 pour Somewhere… la Mancha.

Un beau parcours qu’elle a mené en France, appuyée sur sa compagnie dont le siège est à Nevers, tout en retournant vivre aux États-Unis, ces trois dernières années. Avec Pan, adaptation du livre que tous les enfants connaissent, elle renoue avec un personnage en lequel elle a depuis toujours trouvé son semblable, son frère. Son autre frère en plus de Simon Brook ! Elle présente en même temps En attendant le songe forme légère qui s’installe dans des lieux très divers, des champs aux places de village, avec six garçons qui jouent tous les rôles !" Armelle Héliot

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