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Janusz Glowacki

Janusz Glowacki

Janusz Glowacki, auteur, romancier, scénariste, est l’auteur de huit pièces de théâtre. en 1981, après avoir publié en Pologne de nombreux romans et recueils de nouvelles (dont seul My Sweet Raskolnikov et autres récits a été publié en France en 1989 aux Éditions Noir sur Blanc), il prend position pour les mineurs en grève à Gdansk et écrit Moc Truchleje immédiatement censuré en Pologne mais traduit en France (La Grève), en Angleterre, Allemagne, Grèce, Turquie et aux États-Unis. En décembre 1981, il part à Londres pour assister à la première de Cinder (Kopciuch, 1978) mis en scène par Danny Boyle au Royal Court Theatre. Cette comédie noire, qui se déroule dans une maison de correction en Pologne, remporte un véritable triomphe et est élue meilleure production théâtrale de l’année par le Guardian et le London Times. Pendant le séjour de l’auteur en Angleterre, l’État de siège est déclaré en Pologne, le décidant à rester puis émigrer aux États-Unis où John Madden monte, à son tour, Cinder au Joseph Papp Public Theatre à New York. La pièce sera également jouée dans de nombreuses villes américaines puis à Sidney, à Bonn, à Moscou et enfin à Varsovie. Elle obtient à Buenos Aires le prix de la critique « Premio Molière ». Ce succès international conforte Glowacki dans l’idée de poursuivre sa carrière outre-Atlantique d’autant que son œuvre est interdite en Pologne jusqu’à la fin du régime communiste. Ses pièces suivantes sont fortement marquées par cet exil. La Chasse aux cafards (1986) et Antigone à New York (1992), dont les intrigues se déroulent dans les quartiers pauvres de Manhattan (le Lower East Side et le parc de Tomkin’s Square) mettent en scène des immigrés de différentes nationalités et portent un regard ironique sur le rêve américain. La critique acclame en Glowacki l’un des plus fins observateurs de la société américaine. Tout en s’inscrivant à bien des égards dans une tradition polonaise du grotesque et de l’absurde (Witolg Gombrowicz, Slawomir Mrozek, Tadeusz Rozewicz), l’auteur puise son originalité dans le regard qu’il porte sur ce nouveau monde. La spécificité de Glowacki réside peut-être dans cette faculté à révéler dans le quotidien le plus banal, les ferments de l’extraordinaire ; à s’appuyer sur la réalité la plus proche pour en révéler l’étrangeté. Ainsi, « le naturalisme se mêle au surréalisme, mais la différence entre les deux est de toute façon difficile à établir dans le monde dans lequel nous vivons », répète-t-il. Naturaliste, Glowacki passe de nombreux mois en Russie avant d’écrire La Quatrième Sœur afin de s’imprégner de l’atmosphère post-soviétique et de comprendre les changements occasionnés par les débuts du capitalisme. La réalité lui apparaît dans sa démesure : course effrénée à l’argent, consommation vorace et violence de la mafia. Il y puise les sources amères de sa comédie. Il se rapproche par là de la nouvelle génération de dramaturges polonais qui dresse le bilan très pessimiste d’une société en mutation et en perte complète de repères. Seulement, là où ces acteurs, considérés comme l’actuelle avant-garde polonaise, cherchent à coller le plus étroitement possible aux drames d’un quotidien dépourvu des principes, notamment moraux, qui les fondaient (en s’appuyant très souvent sur des faits divers), Glowacki creuse la distance ironique qui sépare l’homme de ce qui lui arrive. C’est au prix de cet effort de séparation avec le réel que peuvent surgir simultanément le grotesque et le tragique. Glowacki fait le portrait certes chaotique d’un monde en dissolution, mais il donne à ses personnages la faculté d’accompagner leur engloutissement d’un rire qui résonne comme la marque ultime de leur liberté. Après le succès international d’Antigone à New York (produite un peu partout en Europe et aux États-Unis et récemment montée en Iran !), La Quatrième Sœur (1999), la pièce la plus récente, a été créée à Wroclaw en Pologne, puis à Varsovie. Elle a ensuite été jouée dans huit pays différents. Elle a reçu le Grand Prix 2001 du Festival international de théâtre à Dubrovnik À New York, elle a remporté un véritable triomphe au Vineyard Theatre. (Kinga Wyrzykowka)